Projet d’implantation et de restauration des canards arboricoles

Présenté par : Le comité ZIP Saguenay en collaboration avec L’Association des Sauvaginiers Du Saguenay-Lac-Saint-Jean

Équipe de réalisation : Fabrication des nichoirs: Jean-Yves Gagnon et les étudiants de la Polyvalente Charles Gravel de Chicoutimi

Installation et suivi des nichoirs : Jonathan Nadeau, tech. en aménagement de la faune, Julie Gagnon, tech. en aménagement de la faune, Claude Northon, Ross Tamblin, Yvon Drolet

Compilation, analyse et rédaction : Jonathan Nadeau, tech. en aménagement de la faune
Octobre 1998

 

  • Titre : Projet d’implantation et de restauration des canards arboricoles
  • Territoire : La région du Saguenay-Lac-Saint-Jean
  • Organismes : ZIP Saguenay et l’Association des Sauvaginiers du Saguenay-Lac-St-Jean

Dans le but de restaurer les populations de canards arboricoles, soient le Garrot à œil d’or (Bucephala clangula), le Canard branchu (Aix sponsa) et le Harle couronné (Lophodytes cucullatus), le comité ZIP Saguenay, en collaboration avec l’Association des Sauvaginiers du Saguenay-Lac-Saint-Jean propose un programme d’installation et de suivi de nichoirs. En effet, la perte et la dégradation de l’habitat dues aux coupes forestières ainsi que l’urbanisation ont contribué à réduire les effectifs de ces espèces.

Situation des canards arboricoles

Le Garrot à œil d’or

Le Garrot à œil d’or paraît particulièrement vulnérable aux perturbations forestières et il semble plus abondant dans les habitats non perturbés par les coupes forestières. Localement, la baisse des effectifs de cette espèce est alarmante. Selon les données disponibles sur la nidification du Garrot à œil d’or au Lac-St-Jean, il semble que cette espèce est pratiquement disparue. En 1977, Fortin (1980) rapporte 15 couvées dans les habitats de la rivière Mistassini et de la rivière Ticouapé. En 1985, Lupien (1987) observe quatre couvées dans les îles flottantes, à Pointes aux pins et à la Pointe-Taillon. En 1986 et 1993, une seule couvée de cette espèce est observée au même endroit, soit dans les îles Hudon. Les effectifs auraient donc baissés de 60% depuis les 20 dernières années.
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Les inventaires de couples en forêt boréale démontrent également une baisse de 57% des effectifs entre 1990 et 1995. Par contre, le Garrot à œil d’or demeure la troisième espèce en importance avec en moyenne 27% de la fréquence d’observation de tous les canards. De plus, selon le Relevé national des prises (RNP), les prises de Garrot à œil d’or sont passées de 31 783 individus en 1973 à 11 938 individus en 1992, soit une baisse de 62% de la récolte. Pourtant, cette espèce n’est pas statuée comme espèce prioritaire pour des actions de conservation.
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Selon Palmer, le Garrot accepte facilement des cabanes ou des structures artificielles ressemblant à des souches creuses. L’installation de nichoirs dans quelques sites de nidification du Garrot à œil d’or de la région permettrait d’améliorer la situation de cette espèce.
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Le Harle couronné
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La diminution des populations de Harle couronné serait due en partie aux activités forestières et à la diminution de la transparence de l’eau par la pollution. Dans la région du Lac Saint-Jean, cette espèce est considérée comme marginale. En 1985, un seul couple était recensé dans les habitats du Lac-St-Jean et en 1986 et 1993, aucun couple ne fut observé (Lupien, 1996). Cependant, quelques Harles couronnés n’affichant pas un comportement lié à la reproduction ont aussi été notés aux îles Hudon et à la petite rivière Péribonka. En forêt boréale, les inventaires démontrent une augmentation des couples nicheurs. Les Harles représentent également les quatrième canards les plus abondants de la forêt boréale selon les inventaires du SCF (Bordage, 1995). Le Harle couronné accepte volontiers des nichoirs artificiels placés pour le Canard branchu (Bellerose, 1976).
Le Canard branchu

Après avoir connu une baisse considérable au début du siècle, les populations sont aujourd’hui à un niveau plus élevé, suite aux études sur l’écologie et l’aménagement des habitats du Canard branchu et l’adoption de règlements plus appropriés. Par contre, elles sont limités par la disponibilité et la qualité de l’habitat. Ce dernier serait aujourd’hui en expansion vers des régions plus nordiques, et on le rapporte de plus en plus dans la région du Saguenay-Lac-St-Jean. La première observation d’un Canard branchu dans la région remonte à 1977 alors qu’un mâle fut aperçu sur la rivière Ticouapé (Fortin, 1980). Au Lac Saint-Jean, en 1986, trois couvées et cinq adultes non-reproducteurs sont inventoriés et en 1993, cinq couvées sont observées alors que le nombre d’adultes non-reproducteurs atteignait 35 individus, soit une augmentation de 233% (Lupien, 1996). De plus, selon les observations réalisées par les membres du Club des ornithologues amateurs du Saguenay-Lac-St-Jean, le Canard branchu serait observé de plus en plus régulièrement en saison de reproduction dans les milieux humides de la région (Savard, Michel, 1994). La rareté d’arbres propices à leur reproduction dans les habitats du Lac-St-Jean restreint certainement la nidification. Par contre, ce canard accepte facilement de pondre ses œufs dans des nichoirs artificiels et cette méthode d’aménagement pourrait s’avérer intéressante pour augmenter la production du Canard branchu dans les habitats marécageux du Lac-St-Jean (Lupien, 1996). De plus, le Canard branchu intéresse fort bien naturalistes et chasseurs, ne serait-ce que pour sa grande beauté, et ces derniers aimeraient grandement voir sa population augmenter.

 

Le Canard noir

Le programme d’implantation de restauration des canards arboricoles vise indirectement le rétablissement des populations de Canards noirs (Anas rubripes), espèce identifiée en difficulté dans le Plan de gestion nord-américain de la sauvagine (S.C.F., 1986). En effet, l’augmentation de la biodiversité des espèces de sauvagine et l’augmentation des espèces moins fréquentes auront pour conséquence de diminuer la pression de chasse sur le Canard noir dans le secteur boréal.
Par ailleurs, le Canard branchu possède une forte capacité de reproduction, compensant la rareté des habitats de reproduction pour cette espèce, tout en fréquentant sensiblement les mêmes habitats que le Canard noir. Il possède un des plus haut taux de fécondité chez les canards nord-américains, ce qui s’explique par la capacité des femelles de couver un nombre élevé d’œufs, soit 12. Théoriquement, une femelle peut donc produire une progéniture de 6 femelles (assumant un ratio sexe de 1:1 chez les jeunes), ce qui par contre ne peut être atteint à cause des nombreuses sources de mortalité chez les femelles en couvaison, les œufs et les jeunes. Le Canard colvert (Anas platyrhynchos) connaît également un haut taux de reproduction, mais connaissant les torts que cette espèce peut causer aux populations de Canard noir, surtout par l’hybridation des deux espèces, l’augmentation des stocks de Canard malard ne s’avère pas une solution adéquate.

 

Les autres espèces

Outre les cinq (5) espèces de canards arboricoles (en comptant le Garrot de Barrow et le Grand Bec-scie), d’autres espèces d’oiseaux fréquentent couramment les nichoirs artificiels. C’est le cas de l’hirondelle bicolore, du Tyran huppé et du Troglodyte familier. De même, trois (3) espèces d’oiseaux de proie peuvent utiliser les nichoirs pour affronter la période hivernale ou même pour la nidification. C’est espèces sont la Crécerelle d’Amérique, le Petit-duc maculé et la Petite nyctale. L’installation de nichoirs pour canards arboricoles peut également s’avérer bénéfique pour d’autres espèces animales.

 

Le programme

Lors d’un programme antérieur, cinquante (50) nichoirs ont été installé. Un dénommé M. Lessard d’Hébertville aurait également installé trente (30) nichoirs lors de la mise en œuvre du Programme de restauration du Canard branchu dans les habitats humides du Saint-Laurent et ses affluents par la Société d’Aménagement de Baie Lavallière inc. Cent (100) autres cabanes sont déjà installées depuis 1997 pour le Garrot à œil d’or au Camp Myrica. La récupération de ces nichoirs (180) afin de les intégrer à la gestion informatisée des données et pour en assurer le suivi est donc un élément important du projet.

Le programme vise également l’installation de cent (100) nouveaux nichoirs qui seront installés à l’intérieur de milieux humides sur des territoires soumis à différents types de gestion. Par exemple, citons les lots intramunicipaux de la M.R.C. du Fjord-du-Saguenay, suite aux inventaires réalisés par l’ASSLSJ, les CAF et les terrains privés, par la mise en place d’un système de parrainage faisant appel à la population locale. En effet, les gens pourront adopter un nichoir à canard et parrainer une couvée dans le milieu qu’ils choisiront, moyennant l’acquisition de certaines données qui seront transmises à l’ASSLSJ. Ainsi, les gens pourront apprécier l’importance de leur geste en tenant compte eux-mêmes de l’évolution des nichées. Pour informer la population du projet, un cahier publicitaire spécial de quatre (4) pages est prévu à l’intérieur du journal Le Quotidien. Les gens seront ainsi renseignés sur les objectifs du programme, la situation et la biologie des canards arboricoles et sur les différents partenaires à la réalisation de ce projet.
Donc, les coûts totaux sont estimés à l’équivalent de 217,30$ par nichoirs pour les quatre années consécutives, ou 54,32$/année/nichoir.

Outre ces 280 nichoirs, d’autres nichoirs ont été installé par le SCF (111) dans la ZEC Chauvin (Garrot de Barrow) et par le MEF (50) dans la réserve Ashuapmuchuan (Garrot à œil d’or). Ces réseaux de nichoirs font présentement l’objet d’un suivi annuel, mais nous souhaitons intégrer les données recueillies à un système régional de compilation des données sur informatique. À plus long terme, soit une fois que les plans de suivi de ces deux réseaux seront échus, l’ASSLSJ propose d’en acquérir la gestion (entretien et suivi). Ces nichoirs pourront donc être ajoutés aux 280 de l’ASSLSJ et ainsi grossir le réseau régional à 441 nichoirs.

 

 Territoire visé

Le territoire visé par le projet s’étend à l’ensemble de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les nichoirs qui se retrouvent présentement sur le territoire sont distribués de la façon suivante:

  • 30 dans le secteur de la municipalité d’Hébertville (M. Lessard);
  • 50 dans la réserve Ashuapmuchuan (MEF);
  • 50 dans les habitats du delta de la rivière Mistassini;
  • 100 au Camp Myrica (M. Darveau);
  • 111 à l’intérieur de la ZEC Chauvin (SCF).

 

La répartition sommaire des 100 nouveaux nichoirs est la suivante:

  • 20 dans la MRC Maria-Chapdelaine;
  • 20 dans la MRC Domaine-du-Roy;
  • 20 dans la MRC Lac-Saint-Jean Est;
  • 20 dans la MRC du Fjord-du-Saguenay (Nord de la rivière Saguenay)
  • 20 dans la MRC du Fjord-du-Saguenay (Sud de la rivière Saguenay)

La distribution des nichoirs de façon précise sur les différents milieux humides à l’intérieur des MRC sera effectuée en fonction des observations du COASLSJ, du MEF, du SCF et des inventaires de milieux humides réalisés sur le territoire de la MRC du Fjord-du-Saguenay.

 

Méthodologie

Fabrication des nichoirs

Le programme visait la fabrication et l’installation de 100 nouveaux nichoirs. Dans le cadre du projet, les 100 nichoirs ont été construits et l’ASSLSJ a financé la construction de 46 nichoirs supplémentaires, pour un total de 146 nichoirs.
La fabrication des nichoirs a été effectuée, à quelques détails près, selon la méthode et les plans retrouvés dans le Guide d’aménagement pour le Canard huppé (Soyez, L.M., R. Parent et S. Desjardins, MLCP. 1988. Section 4, pp. 15 à 20) (Annexe I). Il s’agit de nichoirs verticaux en bois confectionnés avec du contre-plaqué 5/8’’ d’épaisseur. La dimension des nichoirs est d’approximativement 24’’ de hauteur par 9½’’ de côté. Environ la moitié des nichoirs confectionnés ont été recouverts de teinture verte foncée et l’autre moitié de teinture grise pâle. Chacune des deux couleurs permettaient un bon camouflage et un bon contraste avec le trou d’entrée.

 

Matériel de fabrication :

  • Contre-plaqué 4’ x 8’ x 5/8’’ (shiting à plancher non embouffeté)
  • Grillage métallique ¼’’
  • Teinture opaque à patio (hydrofuge à l’huile) verte et grise
  • Scie circulaire avec lame 9’’ au carbure à 40 dents
  • Perceuse avec une mèche ronde 3’’ Hole Saw et une mèche ½’’
  • Crochets 1 7/8’’
  • Visse à patio 2 ½’
  • Clous galvanisés 1’’

 

Récupération et intégration des nichoirs existants

Le projet tel que présenté prévoyait la récupération de 80 nichoirs installés lors de programmes antérieurs (50 dans le delta de la rivière Mistassini et 30 à Hébertville) et de 261 nichoirs faisant présentement l’objet de plusieurs études (50 dans la réserve Ashuapmuchuan par le Ministère de l’Environnement et de la Faune (MEF), 100 au camp Myrica par M. Darveau (Université Laval) et 111 dans la ZEC Chauvin par le Service Canadien de la Faune (SCF)). Ce nombre était quelque peu biaisé dès le départ, puisque seulement 11 nichoirs avaient été installés dans le delta de la rivière Mistassini (Canal du cheval). Malheureusement, seulement 8 nichoirs de ce programme ont pu être retrouvés (voir Tableau III). De plus, M. Lessard d’Hébertville ne possède plus que 6 de ses 30 nichoirs. Les autres nichoirs installés pour des projets d’étude seront récupérés au cours des prochaines années, soit lorsque ces études seront complétées.

Des 11 nichoirs du Canal du cheval, seulement 1 nichoir a pu être retrouvé et récupéré. Deux œufs non éclos de Canard branchu et plusieurs écailles d’œuf y ont été retrouvés. Cependant, comme aucun suivi n’a été effectué en 13 ans et la présence d’autres espèces ont rendu impossible l’évaluation de la dernière couvaison. Bien entendu, le nichoir à été nettoyé et remis en état. Les conditions de neige inadéquates ainsi que l’impossibilité de franchir le canal pour des raisons de sécurité, ont rendu impossible la recherche d’une partie des autres nichoirs. 6 des 11 emplacements ont été visité et seul un cône anti-prédateur fût retrouvé aux autres emplacements. Une journée de travail à l’été 1999 est envisagée avec M. Gilles Lupien du MEF-02 et permettra peut-être la récupération des autres nichoirs.

 

Localisation et installation des nouveaux nichoirs

Le choix des milieux humides des MRC du Saguenay/Lac Saint-Jean pour la localisation des nichoirs a d’abord été réalisé en fonction des observations du Club des Ornithologues Amateurs du Saguenay-Lac-St-Jean (COASLSJ), du MEF, du SCF et des inventaires de milieux humides réalisés sur les lots intramunicipaux de la MRC du Fjord-du-Saguenay (Leblanc, 1997 et Leblanc & Nadeau, 1998).

Les secteurs choisis avaient donc un potentiel de canards arboricoles préalablement connu. Connaissant mieux le secteur saguenéen, nous nous y sommes surtout attardés pour cette première année d’opération. Cependant, l’ASSLSJ oeuvrera prochainement du côté du Lac St-Jean pour la réalisation d’inventaires et accroître ainsi les connaissances sur les milieux humides de ce secteur.

Puisque l’objectif est de tenir compte avant tout de l’habitat répondant aux besoins du Garrot à œil d’or (milieux humides en forêt boréale) et des autres canards arboricoles, le choix des sites a été également établi selon un certain nombre de critères nous permettant d’atteindre les objectifs du projet et ainsi garantir son succès :

  • L’accessibilité du site, été comme hiver;
  • La proximité du site d’une voie carrossable;
  • Les secteurs à activité humaine restreinte (présente ou future);
  • Les secteurs disponibles à long terme.

L’accès facile aux nichoirs permet un suivi plus rigoureux de la part des bénévoles ou techniciens qui maintiennent la gestion et l’entretien du réseau.
L’installation des nichoirs a débuté en mars 1999 et sera complétée pendant la prochaine saison estivale, soit après la période d’élevage des canetons et avant la migration automnale (i.e. entre mi-juin et fin août). Les nichoirs ont été fixés aux arbres avec des clous de 4 ½’’ à double tête, ce qui permet de sortir le clou lors du suivi pour permettre la croissance de l’arbre sans endommager le nichoir. À chacun des nichoirs installés, une fiche d’identification a été remplie conformément au guide de terrain de la SABL (Société d’Aménagement de la Baie Lavallière)
Matériel d’installation des nichoirs :

  • hache;
  • marteau;
  • échelle de 10 pieds en deux parties;
  • clous de 4’’ à double têtes;
  • crayon feutre permanent;
  • litière de copeaux de bois;
  • cartes topographique et/ou photographies aériennes;fiches d’identification des nichoirs;
  • raquettes;
  • traîneau, motoneige et sac pour le transport du matériel.